L'Evangile de la prospérité

Certains mouvements - pratiquant ou non la dîme - mesurent la bonne ou la mauvaise spiritualité, la bénédiction, l'approbation de Dieu dans la vie de leurs adeptes, à l'épaisseur de leur portefeuille et à leur prospérité matérielle. C'est ce que l'on appelle "l'Evangile de la prospérité".

Les passages bibliques utilisés pour "justifier" cette doctrine
  • Esaïe 45:7 "Je donne la prospérité, et je créé l'adversité"
  • 1 chroniques 22:13 "Alors tu prospéreras, si tu as soin de mettre en pratique les lois et les ordonnances que l'Eternel à prescrites"
  • Job 42:12 "Pendant ses dernières années, Job reçut de l'Eternel plus de bénédictions qu'il n'en avait reçu dans les premières. Il posséda 14'000 brebis, 6'000 chameaux, 1'000 ânesses"
  • 1 Corinthiens 16:2 "Que chacun de vous, le premier jour de la semaine, mette à part chez lui ce qu'il pourra, selon sa prospérité, afin qu'on n'attende pas mon arrivée pour recueillir les dons"
Comme nous le voyons, ces passages semblent indiquer que, puisque Dieu donne la prospérité à ceux qui obéissent à sa volonté, il en résulte que ceux qui "galèrent" dans la vie ont un pied en enfer. Et comme pour la dîme, on enseignera dans ce type d'église la nécessité de faire profiter l'Eglise, donc de rendre à Dieu, de sa prospérité, elle-même signe d'agrément divin. De plus, il est recommandé de donner à la mesure de sa foi. Lorsque ensuite on vous apprend que "sans la foi, il est impossible d'être agréable à Dieu" (Hébreux 11:6), vous savez ce qu'il vous reste à faire. L'argent dans ce cas est sanctifié, il devient signe de présence divine, voire de salut.

Qui en profite ?
Dans la plupart des cas, il faut souligner que c'est le "leader" qui préside ou qui décide seul des dépenses et de l'affectation des offrandes. Autant dire que l'argent est quasiment dans sa poche, même si son circuit prend une forme légale. Bien-sûr, nous ne désignons là que les pseudo-pasteurs ou prophètes qui abusent du système: la plupart sont tout à fait loyaux dans ce domaine.

Le contexte est oublié
Ce que l'on oublie souvent de préciser lorsque ces versets sont cités, c'est qu'ils étaient attribués à des individus ou à des situations particulières et ne constituaient donc en rien des commandements destinés à tous, comme la suite le démontrera.

Certains vont plus loin encore...
...lorsqu'ils considèrent que les dîmes et autres offrandes ne suffisent pas, et font ce genre d'exhortations culpabilisatrices pour amener leurs "fidèles" à donner au-delà de leurs moyens. S'endetter pour Dieu serait quelque part acheter son paradis, même si cela plonge la famille de l'adepte dans des difficultés...

Un exemple
Ainsi certains adeptes d'une église de type évangélique répertoriée comme secte se sont entendu dire que les Macédoniens sont un exemple spirituel remarquable, car malgré une pauvreté extrême, ils ont donné au-delà de leurs possibilités: 2 Cor 8:1-4 "Ils ont donné volontairement selon leurs moyens, et même au-delà de leurs moyens, nous demandant avec de grandes instances la grâce de prendre part à l'assistance destinée aux saints". Toutefois, dans cette Eglise on assurait la pérennité des revenus en évitant d'amener les adeptes à s'endetter à l'excès, ce qui était assez adroit.

D'autre font plus fort encore...
...en prenant, toujours hors contexte, l'exemple de la pauvre veuve, de l'Evangile, pour vider complètement le compte de leurs adeptes, ou simplement pour les rendre totalement dépendants financièrement. Marc 12:43-44 "Cette pauvre veuve a donné plus qu'aucun de ceux qui ont mis dans le tronc - car tous ont donné de leur superflu, mais elle a mis de son nécessaire, tout ce qu'elle avait pour vivre". N'est-ce pas émouvant ? Mais le problème c'est que Jésus ne faisait que noter le fait, mais n'a jamais demandé à ses disciples de se mettre sur la paille et encore moins lorsqu'ils ont charge de famille. Il y a trop à dire sur ce sujet pour que nous nous étendions plus.

Qui sont les vrais "infidèles" ?
Dans la même veine nous pourrions relever ce passage explicite du Nouveau Testament: 1 Timothée 5:8 "Si quelqu'un n'a pas soin des siens, et principalement de ceux de sa famille, il a renié la foi, et il est pire qu'un infidèle". Donner tout son temps pour oeuvrer au sein d'une "église", alors que l'on se doit d'abord à son époux, son épouse et à ses enfants qui ont besoin d'être éduqués, aimés, entourés... si l'on fait des dons, offrandes, dîmes inconsidérés alors que l'on n'a pas assuré le nécessaire, le futur, la sécurité, l'éducation scolaire, la détente, l'épanouissement de sa famille, relève de "l'infidélité", selon la Bible.

Jésus et les apôtres...
...étaient eux-mêmes dénués de richesses matérielles. Doit-on en conclure qu'ils étaient l'objet d'un discrédit divin, comme l'entend insidieusement la doctrine de l'Evangile de la prospérité ?

D'autres versets à comprendre dans leur contexte pour ne pas tomber dans l'excès inverse
  • 1 Timothée 6:9 " Mais ceux qui veulent s'enrichir tombent dans la tentation, dans le piège, et dans beaucoup de désirs insensés et pernicieux"
  • 1 Timothée 6:17-18 "Recommande aux riches du présent siècle de ne pas être orgueilleux, et de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines... recommande-leur de faire du bien, d'êtres riches en bonnes oeuvres... de la générosité"
  • Matthieu 6:19 "Ne vous amassez pas des trésors sur terre"
  • Esaïe 5:8 "Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, et qui joignent champs à champs jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'espace"
  • Matthieu 19:21 "Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possède, donne le aux pauvres et suis-moi"
Tous ces passages doivent-être considérés dans leur contexte sans quoi on peut leur faire dire tout ce que l'on veut.

Nuance...
C'est une chose normale pour un "leader" que de faire savoir aux "fidèles" sans détour ni pression spirituelle, ni menace des foudres divines, les besoins matériels de l'église, cela en est une autre que d'utiliser la Bible pour contraindre par l'intermédiaire de Dieu, les adeptes à payer le prix fort de leur adhésion. Ainsi, pour recadrer tous les versets bibliques utilisés pour soutirer de l'argent, il faut savoir que pratiquement tous les appels de fonds, offrandes, collectes relatés dans le Nouveau Testament étaient principalement destinés à secourir les églises, les veuves, les membres de l'église qui étaient en difficulté ou dans la persécution (2 Cor 9:1). Puis seulement venait l'entretien des serviteurs (et non pas "ministres") du culte. A tel point que l'apôtre Paul travaillait de ses mains tout en exerçant son service (1 Thess 2:9).

Montrent-ils l'exemple ?
De ceci, nous pouvons constater que fort peu de ces prédicateurs aspirent à la perfection si l'on considère le luxe dans lequel ils vivent, et pareillement pour d'autres gourous d'églises appliquant littéralement et à leur convenance des préceptes bibliques à leurs adeptes, mais qui oublient trop souvent de se les attribuer à eux-mêmes. Dans les sectes l'essentiel du budget est investi dans la publicité au profit du "leader" ou de son "mouvement", dans l'effort de recrutement, de prosélytisme, et dans l'immobilier quand ce n'est pas pour assurer un train de vie princier aux "leaders". Les oeuvres caritatives, lorsqu'il y en a, ne représentent qu'une goutte d'eau, fort utile d'ailleurs pour faire taire les détracteurs.

(d'après différentes sources)

Complément

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