Dérives évangéliques


Les milieux évangéliques se présentent de plus en plus comme une religion à part entière et indépendante, plutôt que comme l’expression du christianisme fondé sur les enseignements de Jésus et des apôtres, qui, rappelons-le, ne sont pas venus fonder une nouvelle religion mais appeler tous les hommes à entrer dans un règne, le royaume de Dieu, qui ne dépend ni d’une confession, ni d’un groupe, ni d’un ensemble de doctrines.

L’histoire nous a montré les dérives de l’église catholique. Jésus et les apôtres n’ont jamais enseigné à vénérer Marie, ni à prier des «saints», par exemple. Les églises évangéliques semblent entrer à leur tour dans diverses dérives et fausses doctrines. Et cela se fait toujours lentement, l’air de rien, avec plein de convictions et de sincérité, avec plein de versets bibliques, comme «pour le Seigneur». L’une de ces dérives est la pensée positive chrétienne, comme le souligne Paul Gosselin, chrétien, anthropologue, écrivain. A ce sujet, les évangéliques qui recherchent avant tout la bénédiction on oublié d’apprendre à être satisfaits dans l’abondance tout autant que dans le manque, comme l’apôtre Paul nous en a donné modèle.

Mais, j’aimerais parler ici d’une autre dérive qui m’attriste et m’inquiète. La vénération de son église locale. Le concept d’église locale, en tant qu’entité en soi, me semble être une chose nouvelle, contemporaine, et en tout cas absente de la Bible. Si je me trompe, on peut en débattre ici. On voit apparaître, ici et là, dans les milieux évangéliques une obsession de l’église locale. Cette dernière prenant tellement d’importance qu’on peut s’interroger sur le principe d’idolâtrie à son égard. J’ai entendu un pasteur dire qu’une personne ne fait pas partie de l’église de Christ si elle n’est pas engagée dans une église locale. J’ai lu un titre de prédication, récemment, qui annonçait : «Votre destinée dépend de l’église locale.» Ce n’est qu’un titre, mais de tel mensonges me font bondir. J’ai l’impression, et tant mieux si je me trompe, que des mensonges, des erreurs et des dérives sont de plus en plus enseignés aux chrétiens évangéliques, qui hélas, pratiquent la confiance aveugle dans leur pasteur, au lieu de vérifier si ce qu’on leur enseigne est exact, vrai, et conforme à la pensée de Jésus et des apôtres. Votre destinée ne dépend pas de votre église locale, elle dépend de Jésus-Christ et de son oeuvre accomplie à la croix.

Il me semble qu’il y a dérive en ce qui concerne les églises évangéliques. Nous l’avons vu dans l’église catholique, avec l’établissement d’un clergé professionnel et dominateur, tant dans la vie des croyants que la vie politique, qui a imposé des dogmes, des croyances, et des pratiques qui ne correspondent pas aux enseignements de la Bible. Qui voit aujourd’hui les dérives des milieux évangéliques ?

Jésus et les apôtres, qui sont le fondement (Actes 2:42), n’ont pas enseigné à aimer son église locale. Ils nous ont enseigné à nous aimer les uns les autres, à aimer des personnes, des individus, des gens, des frères et soeurs, pas des doctrines, pas des structures, pas des ministères, pas des activités, pas un programme, pas une église locale en soi. Il est très triste de voir que l’église locale est devenue une entité en soi. Presque indépendante de Jésus. Elle est devenue quelque chose. Quelque chose qui fonctionne par elle-même, avec ou sans Robert, François ou Catherine. Les personnes, les frères et soeurs, peuvent partir et laisser la place à d’autres, «l’église locale» reste. On sait où la situer dans l’espace. On sait où la situer dans la pensée (credo, doctrines). Robert, François et Catherine n’y habitent pas, mais on va «à l’église» là. On peut y aller une fois, y retourner 10 ans plus tard, les ¾ des personnes ont changé, Robert, François et Catherine sont partis. Mais «l’église locale» porte le même nom, elle a les mêmes statuts, les mêmes doctrines, les mêmes réunions.

Tragiquement, l’église locale est devenue une entité en soi, qui n’est pas faite de pierres vivantes, mais au sein de laquelle les pierres vivantes vont se retrouver, adhérer, s’activer, travailler dans le but de faire croître «l’église locale». Nous avons fait de l’église un monstre que nous servons au lieu de nous aimer les uns les autres et d’entrer dans le royaume de Dieu. Nous ne nous sommes pas attachés aux enseignements de Jésus et des apôtres, nous les avons quittés pour construire autre chose.

Mais, bonne nouvelle, il nous reste la repentance.

Didier Millotte
         

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