Et si c'était Jésus-Christ qui écrivait à Barack Obama !
Mon cher Barack, je me permets cette lettre comme je me l’étais permis, il y a quelques années, avec G.W. Bush, alors président, tout comme toi, des États-Unis d’Amérique. Il y a de ces moments exceptionnels où je me permets ce mode d’intervention qui s’adresse plus directement à la conscience et à la bonne foi de ceux qui en sont les destinataires.
J’entends encore ce slogan qui fut le tien lors de ta campagne électorale de 2008 « Oui nous pouvons » pour exprimer que l’Amérique et le monde pouvaient renverser ces tendances fortes qui alimentent les guerres et transforment les humains en monnaie d’échange. Ce slogan ne rejoignait pas seulement les électeurs et électrice de ton pays, mais toutes les personnes de bonne volonté d’à travers le monde.
Je vois encore, au moment de ton assermentation comme Président des États-Unis d’Amérique, les larmes du pasteur Jackson, suscitées par ce rêve devenu pratiquement réalité. Il n’était pas seul à verser ces larmes, pleines d’espérance d’un monde nouveau à naître sur la base des grandes aspirations humaines de vérité, de justice, de liberté, de solidarité, de compassion et de miséricorde, étendues à tous les humains de la terre. Ce sont ces mêmes aspirations pour lesquelles j’ai vécu et pour lesquelles j’ai assumé le dur chemin de croix et la mort qui en était l’aboutissement incontournable. Tu connais la suite. Mon Père qui est aussi ton Père et Notre Père à tous et toutes m’a fait sortir de ce monde des morts pour faire de moi le premier née d’une humanité nouvelle. Tu te souviens de ces paroles :
« Dieu, sans tenir compte des temps d`ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu`ils aient à se repentir, parce qu`il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l`homme qu`il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts. » Act.17, 30-31
Ce « oui, nous pouvons »,de ta campagne électorale, portait sur les grands objectifs humanitaires. « Oui, nous pouvons » mettre fin à ces guerres fratricides, à ces tortures qui ne peuvent, sous aucun prétexte, être justifiées, à ces manipulations des esprits par l’usage systématique du mensonge, de la tromperie, de l’hypocrisie, etc. Ce « oui, nous pouvons » voulait également dire que le temps était maintenant venu de mettre fin aux grandes injustices qui affligent la majorité de l’Humanité, un « OUI » sans équivoque pour le respect du droit international des personnes et des peuples, un « Oui » à la solidarité internationale pour promouvoir la santé, l’éducation, le respecte et l’entraide, un « OUI » à la transparence, à l’ouverture, à la sincérité et au service du bien commun de ton peuple comme du respect de celui de tous les autres peuples.
Ton arrivée au pouvoir, après la présidence de G.W. Bush, a fait naître cette espérance sans frontière pour l’avènement d’un monde nouveau, d’une humanité nouvelle. Même les représentants du prix Nobel de la paix n’ont pu attendre que tu fasses tes preuves pour t’honorer de ce prestigieux prix, tellement ils étaient convaincus que tu allais répondre à l’appel.
Je ne t’apprends rien en te disant que ce ne fut malheureusement pas le cas. Ton « oui, nous pouvons » s’est vite transformé en un « non, nous ne pouvons pas ». Que s’est-il donc passé pour que tu deviennes en si peu de temps, non plus l’élu de ton peuple, mais le serviteur des grands et puissants de ton pays et de ce monde ? Tes discours à ton peuple et au monde sont devenus de moins en moins crédibles du fait qu’ils trahissent toujours ton choix pour servir d’abord et avant tout les intérêts des puissances financières, ceux des industries militaires et plus que tout la suprématie de ces dernières sur le reste du monde.
Tu es évidemment libre de tes choix, mais de grâce, ne me prends pas à témoin de tes engagements au service de tes nouveaux maîtres. Je me permets de te dire que je n’ai donné aucune autorité à quelques pays ou dirigeants que ce soit pour régenter le monde comme bon, ils l’entendent. Ceux et celles qui se réclament de Dieu pour s’asservir le monde et en faire des dépendances trahissent Dieu et les peuples qui ont placé en eux leur confiance.
La mission que m’a confiée mon Père est celle d’une humanité qui ne saurait se construire par les armes et les guerres fratricides, mais par des solidarités n’ayant d’autres intérêts que le mieux être des autres. Une solidarité caractérisée par une proximité avec les plus démunis, les plus exclus, par une justice ouverte à tous les peuples et humains de la terre, par une vérité, transparente et sans équivoque de ce qui est et de ce qui se passe dans le monde. Si mon Père eût voulu conquérir le monde par les armes, il m’aurait envoyé des légions d’anges pour combattre mes ennemis. Il n’a pas changé d’idée depuis lors. Son règne sur terre ne saurait surgir des armes, de la haine et encore moins de toute forme d’ambitions et de domination.
Tu as été élu par ton peuple qui a mis en toi toutes ses espérances, mais tu as gouverné et gouvernes toujours non pas en fonction des intérêts de ce peuple, mais en fonction des intérêts de ceux-là mêmes qui alimentent les guerres de conquête et les spéculations financières visant ainsi à s’asservir et à gouverner le monde. Le « oui nous pouvons » s’est transformé en un cauchemar pour ton peuple et l’humanité entière, mais pour ceux qui sont devenus tes maîtres, il répond parfaitement à leurs attentes du fait que tu en aies changer le contenu. Le bien commun de ton peuple est passé au second plan tout comme les intérêts du bien commun de l’Humanité. Dans les deux cas, le projet du Père dont tu te fais témoin par ta profession de foi, passe également au second plan. Mammon, ce prince de ce monde, peut dorénavant compter sur toi.
Mon cher Barack, tout n’est pas fini. Tu as encore la possibilité de te reprendre, cette fois en retrouvant en toi la vérité pour la proclamer sans équivoque. Tu dois également sortir d’une logique de guerre directe ou indirecte. Tu dois devenir un interlocuteur crédible en posant les gestes qui appuient tes paroles. Tu dois mettre un terme à ces guerres fratricides au Moyen-Orient, en Afrique, en Ukraine, en Syrie, en Amérique latine, toutes réalisée sous fausses bannières. Tu dois faire savoir au monde que les États-Unis d’Amérique et son Président ont choisi le respect du droit international des peuples et leur indépendance, que ta foi chrétienne n’est pas un vain mot.
Tu as entre tes mains le pouvoir de mettre un terme à pratiquement tous les conflits qui se présentent sous fausses bannières et éviter ainsi ce qui risque de devenir cette confrontation extrême emportant avec elle l’Humanité entière. Si tel devait être le cas, je me permets de te rappeler ce texte du livre de l’Apocalypse » (Ap. 21,8) qui décrit le sort qui attend ceux et celles qui en auront été les instigateurs.
« Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l`étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort. »
À toi de choisir entre ton peuple et les pouvoirs dominants de ton peuple. Tu sais qu’on ne peut servir à la fois deux maîtres dont les intérêts sont tout à fait à l’opposé. Je te laisse donc avec ces paroles que j’avais transmises à mes disciples :
« Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l'un, et aimera l'autre ; ou il s'attachera à l'un, et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon » Mt. 6,24