Que signifie 'Accepter Christ' ?

[...] si on demandait à l'homme de la rue, au prédicateur moyen, ou à n'importe quel chrétien: "Comment puis-je entrer dans une relation salutaire avec Jésus-Christ ?" on obtiendrait l'une des trois réponses suivantes:
- Certains diraient "Croyez au Seigneur Jésus-Christ et vous serez sauvé" - ça c'est Actes 16:31.
- D'autres diraient "Recevez Christ comme votre Sauveur" - ça c'est Jean 1:12,
- et d'autres encore vous donneraient cette troisième réponse (et attention, ces deux premières réponses sont tout à fait justes!): "Acceptez Christ comme votre Sauveur personnel."

Le terme "accepter Christ", à la surprise de beaucoup de personnes, n'apparaît nulle part dans la Bible - cela n'y figure nulle part. C'est cette doctrine "d'accepter Christ" dont je voudrais vous parler [...]. Que signifie "accepter Christ ?"

Je ne suis pas opposé au terme "accepter Christ" même s'il ne figure pas dans la Bible. En effet, il est tout à fait possible d'enseigner la vérité sans pour autant utiliser les mots de la Bible, pourvu bien sûr que ce que vous enseignez représente bien la somme de ce qu'enseigne la Bible à ce sujet. Dans ce cas vous pouvez enseigner la vérité pourvu que les gens à qui vous parlez sachent que c'est bel et bien la somme de ce qu'enseigne la Bible à ce sujet. Donc quand on vous a dit que pour entrer dans une relation salutaire avec Jésus-Christ il vous fallait L'accepter, ce que la personne voulait dire était "croire et recevoir" et "croire" et "recevoir" sont bel et bien des mots bibliques, bien qu'"accepter" n'en soit pas.

Pourtant "accepter Christ" est devenu la panacée dans tout le monde évangélique, et cela a été fatal pour des millions de personnes! Toute l'attitude d'accepter - l'acceptation passive de Christ. Cette acceptation si facile! Un homme délivrera un merveilleux message puis il dira "Maintenant, que devriez-vous faire ? Accepter Christ. Avez-vous accepté Christ ?" [...]

Vous voyez, lorsqu'on dit à quelqu'un "d'accepter Christ" même si cela n'est pas totalement faux, si on n'explique pas bien ce que cela signifie, cela donne l'impression que Christ se tient devant nous, avec son chapeau à la main, attendant notre bon plaisir, attendant patiemment notre verdict sur Lui. C'est comme si c'était Lui qui nous présentait Sa candidature, alors que c'est plutôt le contraire. Cela me permet d'accepter Christ par simple impulsion de mon raisonnement ou de mes émotions, de l'accepter facilement et sans aucun coût ni aucun dérangement.

Quelqu'un a dit une fois que la croix de Christ ne devrait pas déranger les gens. Eh bien laissez-moi vous dire que s'il y a une chose au monde qui dérange, c'est bien la croix de Christ! Cette croix a saisi un homme nommé Jésus dans le zénith de Sa vie humaine et L'a emmené sur une colline pour Le mettre à mort - et c'est là, s'il en est, un certain désagrément! Et toute croix est désagréable - c'est une chose tout à fait désagréable d'accepter Christ, si on sait ce que cela signifie réellement. Mais l'acceptation de Christ tel qu'il est dépeint par la théologie populaire n'amène aucun désagrément.

Regardons comment cela se serait traduit à l'époque de l'Ancien Testament. Supposons que Moïse ait dit, en cette nuit terrible et merveilleuse: "Alors, restez dans vos maisons et tuez l'agneau et mettez le sang sur les poteaux de la porte puis restez là et acceptez le fait que c'est fait - la grande transaction est conclue! Vous êtes délivrés par le sang de la Pâque. Remerciez Dieu et réjouissez-vous et construisez un tabernacle et restez là où vous êtes." Et ils seraient restés là en Égypte avec le sang sur les poteaux et Dieu les aurait attendus pour les faire sortir, mais ils seraient restés là et seraient morts en Égypte! Il fallait qu'il se lèvent et qu'ils quittent l'Égypte pour prouver qu'ils croyaient dans la puissance du sang de la Pâque

Prenons maintenant l'exemple du fils prodigue. Un certain homme avait deux fils et l'un a dit à son père, "Donne-moi tout ce qui me revient" et il partagea donc ses richesses entre ses deux fils. Puis, quelques jours plus tard le plus jeune fils partit dans un pays lointain et dépensa toute sa substance dans une vie déréglée. Puis il n'avait plus de quoi se nourrir et donc il a commencé à travailler dans une porcherie et il s'occupait des cochons. Et il était là dans les enclos et il commençait à avoir faim parce que son salaire était insuffisant. Et ça devait être quelque chose de très humiliant pour un juif de nourrir des cochons. Et un jour un homme arrive - et c'est ici que je me sépare du récit biblique. Un jour un jeune homme arrive muni de tracts évangéliques, et il voit cet homme qui avait quitté sa maison et qui s'occupait des cochons (il sortait tout juste du séminaire où on lui avait appris comment gagner les âmes facilement en neuf étapes).

Et alors il s'approche de ce fils prodigue qui était allongé parmi les cochons et il lui dit, "J'ai une bonne nouvelle pour toi!" Celui-ci le regarde et répond, "Dieu merci, j'en ai besoin. J'ai vraiment besoin d'une bonne nouvelle. De quoi s'agit-il ?" "Ton Père est prêt à te pardonner!" "Eh bien" répond le jeune homme, "Merci Seigneur!"  "Ton père est prêt à te pardonner - est-ce que tu le crois ?" Et le jeune homme répond, "Oui, je le crois." "Très bien, maintenant remercie Dieu, nous allons prier ensemble pour remercier le Seigneur que tu es sauvé. Tu crois que le père te pardonne. Oui, eh bien, amen! Alors remercions donc le Seigneur que tu es sauvé. D'accord, maintenant je dois m'en aller! N'oublie pas de témoigner et je reviendrai plus tard te rendre visite."

Et donc ce jeune homme reste là-bas dans ce pays lointain et il commence à se sentir l'âme d'un missionnaire zélé et donc il témoigne et il fait des convertis parmi les autres ouvriers et peu de temps après il a réussi à convaincre tout le monde que le père les pardonne, et ils disent tous "Merci Seigneur que le père nous pardonne." D'accord, ensuite ils construisent un bâtiment ils se donnent le nom de "Première Église des Éleveurs de Cochons Convertis." Et ils restent là-bas dans le pays lointain - personne ne rentre chez les siens. Et ce jeune homme est toujours en guenilles, il est sale, et les gens du coin - les personnes respectables du quartier - se bouchent le nez et ils se dépêchent quand ils le croisent. Mais eux ils disent, "Ainsi persécutaient-ils les prophètes qui étaient avant nous. S'ils nous méprisent c'est à cause de notre marche sanctifiée."

Puis un jour pendant qu'ils chantent des louanges dans cette "Première Église des Éleveurs de Cochons Convertis" dans ce pays lointain, un jeune homme vient leur rendre visite et leur demande s'il peut leur parler, alors il se lève et il dit, "Mettez de côté vos péchés, hommes pervers! Mettez de côté vos péchés! Apprenez à faire le bien - cessez de faire le mal, soyez saints et suivez le Seigneur et faites le bien et vous serez sauvés." Alors ils l'attrapent par le col et ils le jettent dehors et disent, "C'est un légaliste!" et ils disent qu'il ne 'croit pas à la grâce'. "Quant à nous, nous sommes sauvés en acceptant la doctrine." Et donc ce jeune homme s'en va et le temps passe, le veau gras vieillit et meurt, et le père décède et le fils reste toujours dans le pays lointain.

Voilà l'évangile tel qu'il est le plus souvent prêché aujourd'hui parmi nous! Il nous est dit, "Croyez en Christ. Accepter Christ et restez là où vous êtes!" Et on s'efforce d'expliquer et d'excuser cela par tout un tas de raisonnements érudits, mais au bout du compte, le pécheur demeure dans ses péchés! Et l'homme qui est dans ses péchés sera condamné aussi certainement que le soleil se lève en orient et qu'il se couche en occident!

Notre Seigneur Jésus-Christ faisait son chemin et Il disait, "Si un homme veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même et qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive". Ces merveilleuses paroles de Jésus! "Si un homme veut venir après moi..." Remarquez qu'Il S'intéresse, et qu'Il invite - Il nous exhorte même, mais Il ne nous supplie pas! Bien souvent les choses sont inversées dans ces derniers temps de sorte que Jésus se trouve devant le tribunal et c'est le pécheur qui Le juge! Et si toutefois on acceptait de renoncer à nos péchés et de Le suivre on a l'impression qu'on Lui a rendu un service! Et pendant ce temps, Il est là d'un air pensif et Il nous attend. [...]

Personne ne veut renoncer à lui-même - nous voulons nous préserver, et l'auto-préservation est la première loi de la nature, selon ce que j'ai entendu dire. Et pourtant il établit une condition pour tous ceux qui souhaitent Le suivre qui est exactement contraire à la nature humaine - qui va à l'encontre de tout ce que l'on apprend à l'école - qui contredit notre instinct d'auto-préservation - qui déploie toute la puissance de notre vie naturelle contre Jésus-Christ - et qui réduit le nombre de ceux qui viendront.

Il est clair que très souvent notre Seigneur a cherché à réduire le nombre de ceux qui allaient venir, et Il a fait cela en augmentant la qualité de ceux qui pouvaient venir. Mais nous, nous faisons tout le contraire, nous nous intéressons à la quantité, et peu importe la qualité. Si seulement nous pouvons les faire venir! Si nous pouvons simplement les faire venir pour prier, alors nous pouvons dire, "Deux mille neuf cent douze personnes sont venues!" ou "Cinq cent six personnes sont venues!" Eh bien notre Seigneur s'intéressait peu à combien de personnes venaient! Mais Il a dit "Si quelqu'un veut venir, qu'il vienne - il est le bienvenu. Je suis venu mourir pour lui - je me lève pour plaider pour lui, et s'il veut venir, qu'il vienne. Mais en venant, qu'il renonce à lui-même. Qu'il fasse exactement le contraire de ce que dit le monde, et de ce qu'il paraît naturel de faire."

Eh bien je me demande si ce Christ qui a établi cet obstacle - cet énorme obstacle devant l'entrée dans le royaume des cieux - je me demande si c'est le même Christ que celui que nous avons besoin aujourd'hui d'excuser, d'altérer, d'amender, et pour qui nous avons besoin de plaider et de supplier pour gagner des adeptes, ce Jésus qui donne tout et ne demande rien! Est-ce le même Jésus qui sourit et encourage les hommes d'affaires avides de gain, les hommes politiques malhonnêtes et les les artistes charnels ? Est-ce le même Jésus ? Je ne pense pas! Paul nous a parlé d'un autre Jésus, et je pense qu'on a lâché parmi nous un autre Jésus et celui-ci n'est pas le Jésus du Nouveau Testament, et ce n'est pas le Christ de Dieu! [...]


A. W. Tozer   /   texte complet

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