Le service
Il n'existe aucun domaine de l'expérience chrétienne où l'on verra un changement plus grand que celui du service lors de l'entrée dans la vie cachée avec Christ en Dieu.
Dans toutes les formes ordinaires de la vie chrétienne, le service tend à tomber dans l'esclavage. Cela signifie que la personne agira alors avec un sentiment de devoir et acceptera tout comme une épreuve ou une croix à porter. Les choses qui, au début, apparaissaient comme une joie ou un plaisir, deviennent alors des tâches pénibles, accomplies certes avec fidélité, mais également avec une aversion secrète, avec le désir avoué ou secret de ne plus les avoir à les faire du tout, ou alors bien moins souvent. L'âme en question se surprend alors elle-même à prononcer le "dois-je ?" du devoir au lieu de "puis-je ?" de l'amour. Le joug qui semblait aisé au début, commence à irriter et le fardeau devient lourd au lieu d'être léger.
Une brave chrétienne me l'a dit une fois de cette manière : "Lorsque je me suis convertie" me dit-elle "je ressentais une telle joie et un tel amour que j'étais heureuse et reconnaissante d'être autorisée à faire quelque chose pour le Seigneur. J'entrais impatiemment par chaque porte qui s'ouvrait devant moi. Mais au bout d'un moment, ma joie du début commença à se ternir et mon premier amour devient tiède ; j'en arrivai à souhaiter avoir été moins ardente au début. Je me trouvais en effet, engagée dans un grand nombre d'œuvres qui, progressivement, devenaient insupportables et pénibles. Mais comme je les avais commencées, je ne pouvais pas les abandonner sans que cela ne se remarque. Je désirai de plus en plus tout abandonner. On s'attendait à ce que je visite les malades et que je prie avec eux. On s'attendait que j'assiste aux réunions de prière et que j'y prenne la parole. On s'attendait en quelque sorte, que je sois prête à tout instant, dans l'œuvre du Seigneur, et le fait de savoir que l'on attendait toujours quelque chose de moi, m'accablait. A la fin, vivre le genre de vie chrétienne dans laquelle j'étais entrée et que les autres attendaient de moi, devint si pesant que j'eus l'impression qu'un travail manuel, quel qu'il soit, aurait été plus facile. J'aurai certes préféré passer des journées entières sur les genoux, à laver par terre, plutôt que d'avoir à continuer la routine de mon travail chrétien journalier. J'enviais les servantes qui travaillent dans la cuisine et les blanchisseuses."
Cela peut paraitre excessif aux yeux de certains, mais n'est-ce pas là une image exacte de certaines de vos expériences, cher chrétien ? N'avez-vous jamais accompli votre œuvre de chrétien comme un esclave qui se rend à sa tâche quotidienne, pensant simplement qu'il s'agissait de votre devoir et que, par conséquent, vous deviez l'accomplir. Et dès votre travail achevé, tel une balle de caoutchouc rebondissante, vous vous précipitez vers vos intérêts réels et vos distractions, à l'instant où votre travail était achevé ?
Vous saviez bien évidemment, que vous ne devriez pas éprouver ces sentiments et vous en aviez honte. Cependant vous ne voyiez aucun moyen d'en sortir. Vous n'aimiez pas votre travail et si vous aviez pu, la conscience tranquille, tout laisser tomber, vous l'auriez fait.
Si cela ne décrit pas exactement votre situation, l'image suivante le fera peut-être. Vous aimez votre travail mais dans l'abstrait. En le faisant, vous découvrez tant de sujets d'inquiétude, tant de responsabilités, vous vous sentez tellement incertain ou incapable de réaliser quoi que ce soit, que le travail devient comme un lourd fardeau. Alors, vous l'accomplissez en ployant le dos et vous souffrez de lassitude avant même d'avoir commencé de travailler. Vous vous faites des soucis au sujet des résultats de votre travail et vous êtes troublé s'ils ne correspondent pas exactement à ce que vous attendiez. Cela devient un fardeau permanent.
L'âme qui entre pleinement dans la vie bénie de la foi est entièrement délivrée de toutes ces formes d'esclavage. En premier lieu, elle aime le service, quelle qu'en soit la forme parce qu'elle a remis sa volonté entre les mains du Seigneur ; elle sait qu'Il œuvrera en elle le vouloir et le faire selon Son bon plaisir. L'âme arrivera à vouloir faire les choses que Dieu veut qu'elle fasse. Il est toujours agréable de faire les choses que nous voulons faire, même lorsqu'elles présentent des difficultés et entraînent une grande fatigue physique. Lorsqu'un homme désire vraiment faire quelque chose, il considère avec une sublime indifférence les obstacles qui pourraient l'empêcher d'atteindre cette chose et rit en lui-même à l'idée de l'opposition ou des difficultés qui pourraient se dresser sur son chemin. Combien d'hommes sont allés avec joie et reconnaissance jusqu'aux extrémités de la terre à la recherche de fortunes mondaines ou dans l'espoir de satisfaire des ambitions de même nature, et ont rejeté notre pensée de "croix" qui s'y rattachait ! Combien de mères se sont félicitées et se sont réjouies de l'honneur de voir leur fils accéder au pouvoir ou à un poste de responsabilité au service de leur pays, même si cela sous-entendait des années de séparation et une vie difficile pour leur famille ! Cependant ces mêmes hommes et ces mêmes mères de famille auraient probablement pensé que la croix qu'ils devaient porter était trop lourde, si on leur avait demandé de faire le même sacrifice en ce qui concerne leur foyer, leurs amis et le confort personnel, mais pour le service de Christ cette fois.
Ce qui détermine tout, c'est la manière dont nous considérons les choses, pour déterminer si elles sont pénibles ou non. J'ai toujours honte lorsque je pense que le chrétien peut accomplir pour Christ, avec le visage triste et des larmes aux yeux, ce qu'un homme du monde ferait avec joie pour de l'argent.
Ce dont nous avons besoin dans la vie chrétienne, ce sont des croyants qui veulent faire la volonté de Dieu dans la même mesure que les autres désirent faire leur propre volonté. C'est là l'idée même de l'Evangile. C'est ce que Dieu désire et c'est ce qu'Il a promis. En nous décrivant la nouvelle alliance dans Hébreux 8:6-13, Dieu nous dit qu'il ne s'agit pas de l'ancienne alliance conclue au Sinaï, à savoir une Loi venue de l'extérieur qui dirige l'homme en s'imposant à lui, mais qu'il s'agit d'une Loi écrite à l'intérieur et contraignant l'homme par la force de l'amour. "Je mettrai mes Lois" dit-Il "dans leur esprit, Je les écrirai dans leur cœur". Cela signifie tout simplement que nous aimerons Ses Lois, car nous aimons tout ce qui est écrit dans notre cœur. "Mettre dans notre esprit" signifie que Dieu œuvrera en nous "le vouloir et le faire selon son bon plaisir", ce qui sous-entend que nous voudrons ce que Dieu veut et que nous obéirons à Ses doux commandements non pas parce que c'est notre devoir de le faire, mais parce que nous voulons faire ce qu'Il veut que nous fassions. Rien ne pourra être plus efficace que cela.
Combien de fois, n'avons-nous pas pensé en nous occupant de nos enfants : "Oh ! Si je pouvais seulement rentrer en eux et leur faire vouloir accomplir ce que je veux, comme il me serait facile de les diriger !" Dans notre expérience pratique, nous avons souvent découvert, dans nos rapports avec les gens les plus entêtés, qu'il faut soigneusement éviter de leur suggérer ce que nous désirons, mais plutôt essayer de les pousser à suggérer eux-mêmes la chose, pour ne plus rencontrer aucune opposition. Nous qui, par nature, sommes des gens entêtés, nous nous rebellons toujours plus ou moins contre toute loi qui vient du dehors, tandis que nous embrassons avec joie la même loi si elle vient de l'intérieur.
Dieu agit toujours de la manière suivante : Il prend possession de l'intérieur de l'homme pour diriger sa volonté et la faire travailler pour Lui (en accord avec sa volonté). Alors l'obéissance devient facile et agréable et le service s'accomplit dans la liberté parfaite jusqu'au moment où le chrétien se verra dire : "Quel joyeux service ! Qui pourrait penser que, sur cette terre, nous puissions connaître une liberté si extraordinaire ?"
Ce que vous devez alors faire, cher chrétien, si vous connaissez l'esclavage dans ce domaine du service, c'est de remettre complètement votre volonté entre les mains du Seigneur, vous abandonnant à Lui pour qu'Il vous dirige parfaitement. Dites : "oui Seigneur, OUI !" à tout ce qu'Il vous demande et croyez qu'Il agit en vous, afin de conformer vos désirs et vos affections avec Sa volonté douce, aimable et merveilleuse. Dans bien des cas où cela paraissait impossible, j'ai vu cela se produire. Dans un cas précis, où une femme s'était rebellée pendant des années, par crainte d'une petite chose qu'elle savait être bonne mais qu'elle avait en horreur ; j'ai vu cette même personne, des profondeurs du désespoir, ne plus se fier à ses sentiments, et s'abandonner entre les mains du Seigneur, commençant à Lui dire : "Que ta volonté soit faite ! Que ta volonté soit faite !" En moins d'une heure, cette même chose qui lui paraissait si horrible, devint pour elle douce et précieuse.
Il est merveilleux de voir les miracles que Dieu accomplit dans les volontés qui lui sont entièrement abandonnées. Il rend facile ce qui était difficile et doux ce qui était amer. Ce n'est pas qu'Il remplace le difficile par le facile mais bien plutôt qu'Il rend facile le difficile et nous fait aimer ce que nous avions l'habitude de haïr. Lorsque nous nous rebellons contre le joug et essayons de l'éviter, nous le trouvons difficile et blessant. Mais lorsque nous prenons "le joug sur nous" avec une volonté constante, nous le trouvons facile et agréable. Il est dit, au sujet d'Ephraïm, qu'à une certaine époque, "il était comme un veau qui n'aurait pas été dompté" mais que plus tard, après s'y être soumis, il devint "une génisse dressée et qui aime fouler (le grain)".
Bien des chrétiens, je l'ai déjà dit, aiment la volonté de Dieu dans l'abstrait, mais portent de lourds fardeaux dans ce domaine. Dans la merveilleuse vie de foi, il existe également une délivrance pour eux. Car, dans cette vie, on ne porte aucun fardeau et on ne connaît aucun sujet d'inquiétude. C'est le Seigneur qui porte les fardeaux et c'est sur Lui que nous rejetons tous nos soucis. Ne dit-Il pas en effet : "Ne vous inquiétez de rien, mais en toutes choses, faites connaître vos besoins à Dieu" et Je m'occuperai de chacun d'eux. Ne vous inquiétez de rien dit-Il, pas même de ce qui concerne votre service. J'aurais même tendance à penser : par-dessus tout, ne vous inquiétez pas au sujet de votre service, car nous savons que nous sommes tellement impuissants dans ce domaine, que même si nous nous inquiétions, cela ne servirait à rien. A quoi cela nous sert-il de penser que nous sommes aptes ou non à ce service ? Le patron a certainement le droit d'utiliser chaque outil comme Il le veut dans Son œuvre ; il est clair que l'outil lui-même n'a aucun droit de décider si l'outil employé est bon ou non. Dieu connait toutes choses et s'Il choisit de nous utiliser, il est évident que nous devons être bons pour le service. En vérité, il nous suffit de nous rendre compte que notre principale qualification réside dans notre impuissance criante. Sa force est rendue parfaite, non par notre force mais par notre faiblesse. Notre force ne peut être qu'un obstacle.
J'ai eu l'occasion de visiter un asile d'aliénés. J'ai alors vu des enfants faire des haltères. Or, nous savons qu'il est très difficile pour un aliéné de maitriser ses mouvements. Les aliénés ont en général assez de force, mais ils sont dépourvus de la coordination nécessaire pour utiliser cette force, ce qui les rend incapables de réussir grand-chose. Cette carence est particulièrement mise en évidence par les haltères. Ils faisaient toutes sortes de mouvements gauches. De temps à autre, par un heureux hasard, ils accomplissaient un mouvement qui correspondait parfaitement à la musique et aux directives du moniteur, mais il n'en était rien la plupart du temps. Je remarquai cependant une petite fille qui faisait de mouvements parfaits. Ni une fausse note ni une pause ne troublait l'harmonie de ses mouvements. Elle n'avait pas plus de force que les autres, on dirait plutôt qu'elle n'en avait pas du tout. Elle ne pouvait même pas fermer les poings pour tenir les haltères ou lever les bras. En fait c'était son moniteur qui se tenait derrière elle et faisait tout à sa place. Elle lui avait entièrement abandonné ses membres pour qu'il puisse les mouvoir et sa "force fut rendue parfaite" par sa propre faiblesse. Il savait comment il convenait d'accomplir ces exercices, car il les avait lui-même arrangés, c'est pourquoi il les faisait bien. Elle ne fit rien d'autre que de s'abandonner entièrement entre ses mains et lui, faisait tout. Elle devait s'abandonner et le moniteur était responsable. L'habileté de la fillette ne pouvait rien faire pour accomplir des mouvements harmonieux. Seule, celle du moniteur était nécessaire. L'élément important n'était pas qu'elle pouvait le faire, mais que lui, le pouvait. Sa faiblesse criante était sa grande force.
Pour moi, il y a là une image frappante de notre vie chrétienne ; rien d'étonnant alors que Paul ait pu dire : "Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi". Qui ne se glorifierait pas d'être si faible et impuissant que le Seigneur Jésus-Christ ne trouvera aucun obstacle à l'accomplissement parfait de sa puissance par nous et en nous ?
N'oublions pas également que si l'œuvre Lui appartient, la responsabilité Lui appartient également. Nous n'avons donc plus aucune raison de nous faire du souci quant aux résultats futurs. Tout ce qui s'y rapporte Lui est donc connu et Il peut tout diriger. Pourquoi ne pas tout laisser entre Ses mains et consentir à "être traité comme un enfant et guidé sur le chemin ?" Il est un fait certain que tous les ouvriers efficaces que je connaisse sont ceux qui se font le moins de souci au sujet de leur travail, mais le remettent entre les mains de leur Maître, Lui demandant de les guider à tout instant dans cette œuvre ; ils Lui font implicitement confiance, croyant qu'Il pourvoira à la sagesse et à la force nécessaires. En les regardant, vous penseriez peut-être qu'ils sont trop insouciants quant aux grandes responsabilités qui leur incombent. Mais si vous avez découvert le secret de la confiance en Dieu et que vous avez goûté la beauté et la puissance de la vie qui s'en remet à Son action, vous cesserez aussitôt de condamner et vous commencerez à vous demander comment les ouvriers de Dieu peuvent oser porter les fardeaux ou assumer les responsabilités que Lui seul est capable d'assumer.
Certains objecteront que l'apôtre Paul a parlé du "souci des Eglises" qui l'assaillait. N'oublions pas que l'apôtre avait pris l'habitude de confier au Seigneur chacune de ses préoccupations et d'être ainsi totalement tranquille, quoique très soucieux.
Il existe encore deux ou trois aspects du service dont cette vie de confiance nous délivre. Nous découvrons qu'aucun individu ne peut être tenu pour responsable de toute l'œuvre du monde et qu'il ne peut endosser qu'une petite responsabilité. Notre devoir cesse ainsi d'être universel, pour devenir personnel et individuel. Le Maitre ne nous dit pas : "Va et fais tout". Il nous donne à chacun un sentier particulier. Il y a "diversité de dons" dans le royaume de Dieu et ces dons sont distribués à chacun "selon la mesure de foi qui lui a été départie". Il se peut que j'aie cinq talents, ou deux, ou même un seul. Je peux être appelé à accomplir vingt choses différentes ou une seule. Ma responsabilité est d'accomplir ce à quoi j'ai été appelé et rien de plus. "L'Eternel affermit les pas de l'homme" et pas seulement son chemin, mais chaque étape de ce chemin.
De nombreux chrétiens commettent l'erreur de considérer chaque acte de leur service pour Dieu comme s'il s'agissait d'une obligation perpétuelle. Ils pensent, par exemple, que s'il était bon de donner un tract à quelqu'un dans le métro, il est bon également d'en donner toujours à tout le monde ; ils se chargent ainsi d'un fardeau impossible à porter.
Il y avait une jeune chrétienne qui s'était imaginée que, parce qu'elle avait été envoyée pour délivrer un message à une âme, elle devait parler à chaque âme de la même manière. Cela était évidemment impossible et elle tomba bien vite dans l'esclavage. Elle commença à avoir peur de sortir de chez elle et à vivre dans un sentiment perpétuel de condamnation. A la fin, elle dévoila sa détresse à un ami qui avait reçu l'enseignement nécessaire au sujet du plan du Seigneur concernant Ses serviteurs ; cet ami lui révéla qu'elle commettait une grave erreur et que le Seigneur avait une œuvre particulière pour chacun de Ses serviteurs, de ne pas s'imaginer devoir accomplir le travail de tous les autres - que les serviteurs du Seigneur doivent, chacun pour sa part, accomplir sa tâche. Il lui dit de s'en remettre à la direction du Seigneur pour ce qui concerne son travail et de lui faire confiance : Il lui indiquerait chacune des personnes auxquelles elle devait parler, puisque de toute façon, Il n'envoyait jamais l'une de Ses brebis sans marcher devant elle et lui préparer le chemin. Elle suivit ce conseil et déposa son fardeau aux pieds du Seigneur. Elle connut ainsi le bonheur de se laisser guider quotidiennement et connut de nombreuses bénédictions dans l'œuvre du Seigneur. Elle a pu ainsi tout accomplir sans s'inquiéter parce qu'Il la conduisait et ouvrait le chemin devant elle.
J'ai appris beaucoup, pour ma part, en pensant à la manière dont nous organisons nos propres demeures. Lorsque nous demandons à quelqu'un de se charger d'un certain travail, nous désirons qu'il ne se charge que de ce travail et laisse tranquilles les tâches qui seront confiées aux autres serviteurs. Notre demeure serait en proie à la confusion si les serviteurs agissaient de cette manière - il en est exactement dans la maison du Seigneur.
Le rôle que nous sommes appelés à jouer dans le service me fait penser au rapport qui existe entre la machine et le moteur à vapeur. La puissance ne réside pas dans la machine mais dans la vapeur. Si elle n'est pas en contact direct avec le moteur, la machine ne sert à rien. Mais dès que le contact est établi, la machine fonctionne aisément et sans effort, à cause de la grande puissance qui actionne le tout. Ainsi en est-il de la vie chrétienne, qui devient aisée et naturelle, lorsque la vie divine se développe en son sein. La plupart des chrétiens vivent sous tension, pour la simple raison que leur volonté n'est pas en accord avec celle de Dieu ; il n'y a pas de rapport direct et la mise en marche de la machine requiert de grands efforts. Mais dès que le rapport est établi et que "la loi de l'Esprit de vie en Christ-Jésus" peut fonctionner en nous avec toute sa puissance, nous sommes alors "libérés de la loi du péché et de la mort" et connaissons la glorieuse liberté des enfants de Dieu.
Il existe une autre forme d'esclavage, en relation avec le service : la vie de la foi en délivre l'âme. Cet esclavage concerne les réactions qui suivent toute œuvre chrétienne. Ces dernières sont de deux sortes : soit l'âme se félicite de son propre succès et se vante, soit elle désespère de son propre échec et se décourage. Il est certain que l'une d'entre elles apparaîtra ; celle qui convient de redouter le plus est la première, bien que la seconde entraine, sur le moment, de plus profondes souffrances. Celui qui a confiance ne craindra aucune des deux, car s'il a confié son œuvre au Seigneur, il sera toujours content de la Lui laisser et ne pensera jamais à lui-même.
Il y a bien des années, j'ai lu dans un livre la phrase suivante : "Ne vous laissez jamais aller, après une action, à une réflexion personnelle, qu'il s'agisse d'un sentiment de fierté ou de désespoir. Oubliez ce qui est en arrière, et dès que cela est terminé, abandonnez-le entre les mains de Dieu". Cela m'a été très utile. Lorsqu'une telle tentation se présente, comme cela se produit avec toute personne qui vient d'achever une tâche, de se livrer à ces réflexions de quelque sorte que ce soit, je m'en détourne aussitôt et refuse positivement de penser à mon travail. Je laisse au Seigneur le soin de remédier aux erreurs et de bénir comme Il le veut. Je crois que, si les serviteurs de Dieu voulaient bien adopter cette stratégie, ils connaîtraient moins de "lundis noirs" qu'ils n'en connaissent actuellement. Je suis certaine que tous les ouvriers de Christ trouveraient leur travail moins fatigant.
Pour résumer, ce qui est nécessaire, pour accomplir un travail heureux et efficace, c'est tout simplement de remettre son travail entre les mains du Seigneur et de l'y laisser. Ne le Lui présentez pas dans la prière, en disant : "Seigneur guide-moi, donne-moi la sagesse, résous mes problèmes..." pour ensuite vous relever de dessus vos genoux et reprendre votre fardeau, en essayant de suivre votre propre direction et de tout résoudre vous-même. Laissez tout entre les mains du Seigneur et rappelez-vous que ce que vous Lui remettez ne doit plus faire l'objet de vos soucis ou de votre anxiété. La confiance et l'inquiétude ne peuvent coexister. Si votre travail constitue pour vous un fardeau, c'est que vous ne Lui faites pas confiance. Mais si vous Lui faites confiance, vous découvrirez certainement que Son joug est aisé et que le fardeau qu'Il vous demande de porter est léger. Au sein même d'une vie d'activités incessantes, vous "trouverez du repos pour votre âme".
Si le divin Maître ne disposait que de tels ouvriers, il n'y a pas de limite à ce qu'Il pourrait accomplir. En vérité, un seul de ces hommes "en poursuivrait mille et deux en mettraient dix mille en fuite". Rien ne leur serait impossible. Car, pour le Seigneur, ce n'est rien de "sauver au moyen d'un petit nombre comme d'un grand nombre" s'Il peut seulement trouver les instruments qui s'abandonneront entièrement à Son action.
Que Dieu puisse lever rapidement une telle armée ! Et puissiez-vous, cher lecteur, vous engager dans cette armée et vous abandonner à Dieu comme l'un de ceux qui sont "vivants de morts qu'ils étaient". Et que chacun de vos membres Lui soit livré comme "instrument de justice" pour qu'Il l'utilise comme il Lui plaît !
(Hannah W. Smith dans Le secret du chrétien pour une vie heureuse)
Source: J-Cl & L B.