Un 3ème grand mystère enfin éclairci


Après le 2ème grand mystère, en voici un 3ème: pourquoi le débat tourne-t-il systématiquement en dialogue de sourds lorsqu'on aborde le sujet de la Septante (LXX) avec certains chrétiens ?

La Septante est la traduction grecque de l'Ancien Testament effectuée par les Juifs d'Israël pour ceux de la diaspora.

Lorsque le NT cite l'AT, il cite la plupart du temps la LXX (y compris Jésus et la lettre destinée aux Hébreux)... ou la version hébraïque d'origine, ce qui revient au même, puisqu'elles étaient identiques, alors que le texte massorétique, plus tardif, reflète une vision issue de la réaction des successeurs des pharisiens au christianisme naissant.

Mais ce n'est pas seulement une question de langage: la pensée évolue, à partir de la vision hébraïque de la réalité, vers une vision universelle de la vérité (lire cet article). Cependant, puisque toute traduction est déjà une interprétation, il y a un problème de principe à traduire un texte sacré. Et puisque la Septante présente des différences nettes avec la version des Écritures utilisée par les Juifs d'aujourd'hui, qui font ressortir des options théologiques, cela interroge sur la valeur de ces options, et sur la date de leur apparition dans les textes. (source)

Mais si l'Esprit saint a jugé préférable de citer l'AT d'après sa version grecque, c'est que ce dernier est moins interprétable que l'hébreu (un mot hébreu peut avoir un nombre incalculable d'interprétations). Et du moment qu'à l'époque de sa parution la LXX était considérée par les Juifs de l'époque comme identique à la version hébraïque de l'époque (et qui a évolué depuis), la LXX est la version la plus légitime de l'AT.

Cependant, les néo-judaïsants, non seulement font un pas en arrière en adoptant les traditions légalistes de l'AT (ce qui re-crucifie Jésus, du fait que la grâce régresse en Loi), mais enseignent qu'il faut absolument apprendre l'hébreu et lire l'AT massorétique, pourtant bien plus récent (donc modifié par rapport à l'original) que la LXX (traduction fidèle du texte d'origine).

Il y a parfois de telles différences entre la Septante et les textes hébraïques, que le christianisme, héritier de la LXX, constitue une évolution majeure par rapport au judaïsme. D'où le dialogue de sourds entre partisans néo-judaïsants du texte massorétique et ceux qui ont compris l'intérêt majeur de la LXX pour la foi chrétienne.

Le christianisme s'est largement approprié la Septante, d'abord parce que les évangélistes ont travaillé en grec - ensuite parce que la théologie de la Septante correspond bien au message chrétien. À tel point que certains juifs se sont vraisemblablement détournés de cette traduction pour en réaliser une autre plus proche du texte hébraïque. (source)

Pour les premiers chrétiens, la Septante fut très importante car les évangiles ont été écrits presque tous en grec et comportent de nombreuses allusions à l'Ancien Testament, pour lesquelles la traduction grecque a été utilisée. Ainsi la Septante est considérée comme la première bible des chrétiens. C'est probablement pour cette raison que certains juifs se sont opposés à la Septante, bien qu'elle fût à l'origine une entreprise juive. Les juifs ont cessé d'utiliser cette traduction, précisément parce qu'elle était utilisée par les chrétiens. En réaction, des révisions furent apportées aux 1er et 2ème siècles à la traduction grecque par des savants juifs. La traduction de la Septante étant considérée comme trop interprétative, la révision d'Aquila par exemple aboutit à une nouvelle traduction beaucoup plus littérale. (source)

En particulier cette nouvelle version évite le mot grec "Christos", qui est très important pour le Nouveau Testament, et qui se trouvait dans la Septante. En effet, il avait été utilisé pour traduire le mot "Messiah", l'"oint de Dieu", et il est évité par Aquila car il est lourd de sens dans le christianisme, et d'autres mots plus neutres sont cherchés à la place. De manière générale, des résistances subsisteront parmi les juifs aux traductions, notamment la Septante, et ils privilégieront le retour aux textes hébraïques. Une autre marque de l'influence de la traduction grecque de la Septante se trouve dans Matthieu 1:23 : "la vierge sera enceinte". Il s'agit d'une référence à l'Ancien Testament, dans lequel le mot "‘almah", jeune fille, a été traduit en grec par "parthenos", qui signifie jeune fille ou vierge. En se référant à la Septante, les auteurs néo-testamentaires ont utilisé ce dernier sens, ce qui fait de ce texte un texte messianique. (source)

Lorsqu'on a commencé à étudier la Septante de manière scientifique au début du 20ème siècle, et que l'on observait les différences d'avec le texte hébraïque, la conclusion était presque systématiquement de dire que la Septante était secondaire, parce qu'elle avait modifié le texte et était donc de moindre valeur. À partir de la seconde moitié du 20ème siècle, et en particulier grâce à la découverte de nombreux manuscrits hébreux à Qumrân, on sait qu'au début de notre ère, entre les 2èmes siècles avant et après JC, il y avait déjà une grande pluralité de textes. Par exemple, le livre de Jérémie est presque 3000 mots plus courts dans la Septante que le texte hébraïque: on a d'abord conclu que les traducteurs avaient supprimé une partie du texte originel. À Qumrân, nous avons trouvé un texte en hébreu qui est presque identique au texte grec, également plus court que le texte que nous connaissons du livre de Jérémie. La Septante n'est donc pas nécessairement une version secondaire. Au contraire, car l'ensemble de textes hébraïques le plus complet que nous ayons pour le texte massorétique date du 11ème siècle, tandis que les codex grecs les plus complets remontent au 4ème ou 5ème siècle. Ils sont plus anciens que les textes hébraïques, ce qui rend la Septante très importante pour la recherche puisqu'elle nous donne des textes matériellement plus anciens que les textes hébraïques bien qu'elle soit une traduction. (source)

La Septante a donc été la première source du christianisme, et continue de constituer une référence pour la recherche scientifique car les textes témoignent d’un texte parfois plus ancien que les textes hébraïques disponibles. (source)

Mais les néo-judaïsants font la sourde oreille, et préfèrent dégrader les apports du NT plutôt que d'admettre l'option prise par l'esprit Saint, consistant à faire évoluer les mentalités anciennes, légitimes à l'époque, mais aujourd'hui dépassées.

Conclusion: ceux qui mettent en avant l'AT hébraïque, s'ils étaient cohérents, devraient se convertir au judaïsme et rejeter le NT, plutôt que de vouloir faire effectuer au christianisme, héritier de la LXX, un pas en arrière. Car le NT a été écrit dans l'esprit de la Septante, et non pas dans celui du texte massorétique.

Prière


Les plus consultés (30 derniers jours)

Ouvrez-vous à la Vérité du Réel

Sortez de votre fausse zone de confort

Quand les théologiens dérapent

Prêt(e) à vous laisser remettre en question ?