Quand la théologie aveugle
A la fin de sa vie, Thomas d'Aquin n'écrivait plus, ne parlait plus: il avait vu, compris qu'il s'était conduit comme un insensé, et il l'a clairement exprimé en se taisant.
Kierkegaard, quant à lui, a dit: "je me suis rendu compte que j'avais de moins en moins de choses à dire, jusqu'au moment où, finalement, je me suis tu. Dans le silence, j'ai découvert la voix de Dieu".
Faire de grandes théories théologiques peut rendre aveugle, jusqu'à ce que, pour certains du moins, les yeux s'ouvrent sur la Vérité.
Combien de milliers de pages de théologie ont été écrites pour expliquer "la trinité", les événements de "la fin du monde", le créationnisme, etc., tout en coupant les cheveux en quatre, de telle sorte que le simple "croyant" n'y a pas accès, car trop long, trop compliqué pour lui...!
Un autre biais consiste à se référer uniquement aux dictionnaires théologiques concernant le vocabulaire de la Bible. Un exemple: en 1 Cor 15:29, Paul parle de "baptême pour les morts". Le mot original est bien "baptême", immersion, mais dans le langage de tous les jours ce mot signifiait aussi "submersion", dans le sens de "être sous l'eau", épuisé. Une simple recherche dans un dictionnaire grec/français non théologique permet de bien comprendre ce verset et de ne pas tomber dans des explications abracadabranquignolesques, telles qu'on les trouve dans les commentaires sur ce verset mal traduit (voir cet article pour un développement).
Un autre exemple: certains ne veulent pas voir que la majorité des citations de l'AT dans le NT proviennent du texte grec de la Septante, et semblent ignorer que Paul, par exemple, cite la version grecque de l'AT (qui, rappelons-le, a été établie par les Juifs eux-mêmes avant J-C, alors que la version massorétique date du Moyen-Age).
Que déduire de tout cela ? La théologie mal appliquée n'est-elle pas un système que se crée l'être humain pour conforter ses théories préétablies, et par là-même fuir la vérité, donc fuir Dieu ?